La CCVE : vorace en énergies et forte émettrice en CO2

La CCVE a mis son SCOT en révision. Le prochain SCOT va intégrer le volet « plan-climat » jusqu’alors indépendant du SCOT.
Un diagnostic a été réalisé et arrêté sur la fin de l’année 2017.
En matière de gaz à effet de serre (GES), de consommation d’énergies et de séquestration de carbone, ce diagnostic met en lumière les faiblesses de notre territoire.

Les élus communautaires ont eu une présentation du SCOT au mois de décembre 2020. Ce qui suit est une analyse de 3 des diapositives tirées des 68 de cette présentation. Il s’agit d’un coup de zoom sur le thème des gaz à effet de serre, de la consommation d’énergie et de la séquestration de carbone dans le périmètre de la CCVE. C’est le début du volet « plant climat » du futur SCOT, qui, nous l’avns vu dans l’article du 13 janvier 2021 sur ce blog, est en révision.

Les gaz à effet de serre, essentiellement le gaz carbonique (CO2) et le méthane ou encore le gaz naturel (CH4), sont la cause essentielle du changement climatique. Pour réduire l’impact de ce changement climatique, il faut, à l’échelle de la planète, réduire les émissions de GES. L’accord de Paris a engagé la France et cet engagement descend, en cascade, jusque sur le terrain. Chez nous, c’est dans le SCOT de la CCVE que des orientations générales doivent être choisies par la collectivité et ensuite déclinées dans les communes à travers les PLU.

Ces orientations ne sont pas encore choisies. Le SCOT est en élaboration. Mais le diagnostic a été fait, arrêté sur l’année 2017.

Les émissions de gaz à effet de serre (GES)

Il s’agit ici des émissions à partir du territoire de la CCVE. On compte ainsi celles des voitures des habitants de la CCVE quand elles roulent dans la CCVE mais aussi celles des camions en transit. On compte toutes les émissions de CO2 de l’incinérateur d’ordures de Vert le Grand, même si la plus grande part des ordures qui y sont incinérées ne sont pas produites par les habitants de la CCVE.

Inversement, on ne compte pas les émissions provoquées par les biens et services consommés par les habitants de la CCVE mais produits à l’extérieur de la CCVE. Une voiture achetée par un habitant de la CCVE mais produite ailleurs en France ne contribue pas à ce calcul. Un habitant de la CCVE qui utilise un service informatique hébergé ailleurs en France n’ajoute rien au bilan de la CCVE.

Les chiffres sont exprimés en « équivalent CO2 », c’est-à-dire la masse de CO2 qui aurait le même potentiel de réchauffement climatique qu’une quantité donnée d’un autre gaz à effet de serre.

Le total des émissions de GES dans la CCVE s’est élevé, en 2017, à 351.000 tonnes d’équivalent CO2. Trois sources contribuent principalement à ce total :

  • Les déchets (il s’agit ici essentiellement de leur incinération)
  • Les transports routiers (essentiellement les voitures)
  • Le résidentiel (essentiellement le chauffage de nos maisons)

Ramené à l’habitant, cela représente 4,4 tonnes d’équivalent CO2 par habitant et par an alors que la moyenne par habitant s’élève, dans le département à 2,9 tonnes et 1,9 tonnes dans la région. Nous sommes, dans la CCVE, 2,3 fois plus « sales » que la moyenne dans la région Ile de France.

Si, d’un coup de baguette magique, on réduit les émissions de GES de l’incinérateur de Vert le Grand à celles provoquée par « nos » ordures seulement en les divisant par 5, on arrive alors à :

  • 252.000 tonnes d’eqCO2 par an
  • 3,2 tonnes eqCO2/habitant/an
  • 1,7 fois plus que la moyenne de la région.

Nous sommes donc particulièrement mauvais, à cause de l’usage important de la voiture et de notre habitat.

Notez que l’émission moyenne de GES par un habitant de France, en comptant absolument tout, y compris les biens et services produits à l’étranger, atteint 13,5 tonnes/habitant/an eqCO2

La séquestration de carbone dans la CCVE

Le CO2 est absorbé par la biomasse et les matériaux issus de la biomasse utilisés dans les constructions dans la CCVE. Au fil du temps, le total de CO2 stocké dans la CCVE est evalué à 6.124.000 tonnes d’eqCO2

Pendant l’année 2017, le stockage de CO2 par le territoire de la CCVE est évalué 28.000 tonnes d’eqCO2, à comparer au total produit dans le même territoire de la CCVE pendant la même année : 351.000 tonnes, soit 12 fois plus.

Même si les capacités de séquestration de CO2 du territoire de la CCVE sont importantes, nous les dépassons considérablement.

Décidément, nous sommes très sales et très mauvais dans ce territoire !

La consommation d’énergie

En 2017, la consommation d’énergie sur la CCVE, rapportée à chaque habitant, s’élève à 16,1 MWh/an, à 71% en énergies fossiles.

Pour comparer à la moyenne française, où la consommation d’énergie primaire s’est élevée à 252 millions de tonne.equivalent pétrole ou encore (11,63 MWh pour 1 tep) 2.931 millions de MWh pour 67 millions d’habitants soit 43 MWh/habitant/an.
Dans la région Ile de France, la consommation finale d’énergie, tous secteurs confondus, s’élève à 24.129tep en 2017, pour 12 millions d’habitants. Soit un total de 280.570 GWh ou encore 23,38 MWh/habitant/an.

Mais comme pour les émissions de GES sur le territoire de la CCVE, l’évaluation de la consommation d’énergie sur la CCVE ne prend pas en compte l’énergie consommée à l’extérieur de la CCVE pour produire des biens et des services produits à l’extérieur mais consommés dans la CCVE.

Retenons que l’évaluation sur la CCVE est près de 10% supérieure à la moyenne de l’Essonne. Dans le mix énergétique de la région, les produits pétroliers et le gaz représentent 68% du total de la consommation d’énergie alors que dans la CCVE, nous sommes à 71%.

Conclusion

Notre territoire, à l’image rurale et « verte », n’est guère vertueux, tant à l’égard des émissions de GES que pour la consommation d’énergie.

Les chiffres présentés aux élus communautaires ont le mérite d’indiquer ce sur quoi il faut agir, sur notre territoire et dans les limites des compétences de la CCVE et des communes qui la composent. Et c’est dans les choix faits dans les orientations générales du SCOT révisé que nous pourrons engager les actions pour préserver l’avenir.

Retenons aussi que les quelques actions faites au nom de l’avenir, comme planter quelques arbres dans un jardin ou acheter quelques véhicules électriques dans les services de la CCVE et municipaux, sont dérisoires et ne servent finalement qu’à publier la photo d’un élu sur les réseaux sociaux et dans la presse. Nous devons agir, ensemble, pour obtenir des résultats tangibles et en proportion des chiffres évoqués dans ces trois diapositives.

Références :

Auteur : Jean Féret

Habitant de Mennecy